Ce 1er mai, que beaucoup ont dit « historique », a rassemblé dans près de 300 manifestations 2,3 millions de travailleur·ses, jeunes, privé·es d’emploi, retraité·es, dans la rue, mobilisé·es pour faire entendre leur colère contre la réforme des retraites et un ras-le-bol général contre la violence sociale et politique.
Dans le monde entier, en ce jour de lutte internationale des travailleurs, les manifestations ont fait résonner la révolte contre ce système invivable, l’inflation et la misère, la folie financière, les dégâts sur l’environnement, l’autoritarisme des Etats, le militarisme, la guerre.
Ici, alors que le pouvoir n’a jamais été aussi détesté, pourchassé par des concerts de casseroles et la colère collective, l’intersyndicale « se félicite de la proposition de loi d’abrogation de la réforme des retraites qui sera à l’ordre du jour le 8 juin prochain » (groupe LIOT) et appelle à une énième journée le 6 juin, pour « se faire entendre des parlementaires » ! Elle se dit prête au « cycle de concertation » du gouvernement, où elle fera des « propositions intersyndicales communes ». Trop heureuse de retrouver son rôle de partenaire du dialogue social, à aucun moment, l’intersyndicale n’a fixé l’objectif de faire tomber ce gouvernement qui nous attaque pour mieux servir le patronat. Une stratégie perdante.
Contre le bloc réactionnaire Macron-Darmanin-Le Pen et Cie
La puissance du mouvement a pourtant provoqué une crise politique, poussant le pouvoir fébrile au ridicule des « arrêtés anticasseroles » et en même temps à un durcissement de la répression. Les « 100 jours d’apaisement » annoncés par Macron sont une succession de provocations et d’agressions.
A Mayotte, où 80 % de la population vit sous le seuil de pauvreté, Darmanin a lancé l’opération « Wuambushu » (« reprise » en mahorais) visant à détruire les bidonvilles et chasser les migrants vers les autres iles de l’archipel des Comores, plus misérables encore. Déchainement de violence, grenades, LBD, balles réelles tirées vers le sol… Déchainement réactionnaire, un élu du département en appelant au meurtre : « ce sont des délinquants, des terroristes des voyous. A un moment donné il faut peut-être en tuer ». Si la justice a mis un coup d’arrêt, pour l’instant, aux destructions de certains bidonvilles, et si la compagnie maritime a renoncé aux expulsions vers les Comores, Darmanin entend poursuivre sa guerre aux pauvres dans cette île que l’Etat français tient à garder à tout prix dans son giron colonial pour le contrôle des voies maritimes de cette région stratégique de l’Océan indien.
Darmanin et Macron chassent sur les terres puantes du racisme, du nationalisme et de la xénophobie. Ils essaient de détourner la contestation sociale qu’ils n’arrivent pas à éteindre. Leur nouvelle loi contre l’immigration est pour l’instant repoussée en septembre faute de majorité à l’Assemblée, et Le Maire sombre dans l’abjection en attaquant ceux qui envoient leur argent « au Maghreb ou ailleurs ».
Les autres ministres poursuivent l’offensive antisociale. Borne et Dussopt annoncent une nouvelle loi travail pour casser les maigres droits qui nous restent. Après les chômeurs, ils veulent aussi faire payer ceux qui survivent avec le RSA. Ndiaye provoque les enseignants avec des primes conditionnées à davantage de travail. Attal attaque « la fraude sociale » pour mieux épargner la fraude fiscale des entreprises et des riches.
Concurrente pour prendre la tête d’un bloc réactionnaire, Le Pen affirme incarner « la paix sociale », c’est-à-dire le maintien de l’ordre au service du système capitaliste. Elle a profité du 1er mai pour relancer une « fête de la nation » au Havre, « ce qu’on joue, c’est le peuple contre Macron » dit un cadre du RN espérant raffler la mise lors des prochaines élections.
Contester ce système failli, pour un autre pouvoir, démocratique, celui des travailleur·ses
Nos luttes portent en germe la possibilité d’un autre monde.
L’étape suivante commence à se construire, en faisant de la politique, entre salarié·es, jeunes, chômeur·ses, militant·es de la lutte. Dans la durée, des groupes s’organisent : assemblées, collectifs, groupes de gilets jaunes, unions locales syndicales... une diversité d’organisations où on construit le sens politique de la lutte, pour comprendre et agir, unir nos forces contre la réforme des retraites, contre la guerre aux pauvres menées par le capital et ses serviteurs. Un parti de la lutte prend corps...
C’est de cette perspective que nous vous invitons à venir discuter à nos rencontres militantes, le 13 mai à Bordeaux.