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La semaine dernière, Sud-Ouest relatait fièrement la plongée inaugurale, en plein confinement, d’un nouveau sous marin d’attaque, le Suffren, premier d’une série de 6 dans les 10 ans. Une merveille de technologie paraît-il, capable de lancer dans une seule salve 4 missiles de croisière d’une portée de 1000 km ! Le programme se chiffre à plus de 9 milliards d’euros. Si l’on reprend l’estimation que l’historienne Ludivine Bantigny avait faite pour le Rafale, cette somme représente le salaire de 9000 infirmier-e-s sur 40 ans ! C’est clair, en pleine crise « sanitaire » le gouvernement affiche et assume ses choix ! Le coronavirus n’est pas oublié, la ministre des armées ayant précisé qu’il y avait eu tests et masques pour tout le monde ! Pas comme pour le Charles de Gaulle qui peut traverser un nuage nucléaire, bactériologique ou chimique, mais flanche calamiteusement face à un virus à l’intérieur (1081 marins testés positifs) !

Que signifie cette affirmation de puissance (technologique et militaire) dans le contexte actuel ? On ne peut qu’être frappé par le fait que durant cette période de pandémie où tout est chamboulé, où se manifestent des urgences que le capitalisme à l’échelle mondiale doit résoudre dans le flou le plus total, un peu partout des bruits de bottes, des escarmouches plus ou moins discrètes se manifestent : en mer de Chine entre chinois et américains, en mer Baltique entre russes et OTAN, dans le Golfe Persique, et l’Iran qui met en orbite un satellite militaire, les russes qui lancent des parachutistes « à partir d’un avion IL-76 d’une hauteur de 10 000 mètres dans les conditions extrêmes de l’Arctique » … C’est que ces dernières années, des lignes de forces bougent dans la géopolitique mondiale et cette pandémie en remet une bonne couche dans le conflit Chine Etats-Unis, entre autres ; elle s’intègre forcément dans le jeu géopolitique, et pas question, moins que jamais, que les grandes puissances et les prétendantes n’avancent leurs pions. Le directeur adjoint de la Fondation pour la recherche stratégique déclarait au Monde : « les pays les plus affaiblis par le Covid-19 en termes de décès par million d’habitants sont tous membres de l’OTAN. C’est le vieil Occident qui est frappé ». D’où le risque d’être « en retard d’une guerre », car « la prochaine crise ne sera pas forcément sanitaire, elle pourra être militaire ».

Mais la crise actuelle, aux multiples dimensions, qui touche et touchera profondément les populations de tous les pays, pourrait aussi déboucher sur des remises en question radicales par ces populations de cet ordre qui « veut tout changer pour que rien ne change », et à l’évidence, il n’y a pas d’autre nécessité que de le mettre à bas.

Jean-Louis Farguès