Une tribune signée « Des militant.e.s bordelais.e.s solidaires des luttes des personnes migrantes », publiée le 24 avril sur Médiapart (https://blogs.mediapart.fr/solidarite-migrantes) dénonce la politique de l’Etat contre les migrants en cette période de confinement, et notamment la pression pour les faire travailler dans l’agriculture.
Avec le confinement, ce secteur manque de main d’œuvre saisonnière, constituée à près de 80% de salariés étrangers. Fin mars, le ministère de l’Agriculture avait estimé à 200 000 personnes les besoins pour le ramassage des fraises et autres primeurs, lançant une plateforme en ligne « des bras pour ton assiette ».
L’Etat français avec un cynisme hérité de quelques siècles de colonialisme, renvoie aussi les agriculteurs vers une main d’œuvre encore plus précaire : les migrant-e-s. Les préfectures comme celle de Seine-et-Marne ont lancé des opérations « Main-d’œuvre saisonnière, les réfugiés en renfort ! ». La Nouvelle-Aquitaine s’engage dans la même voie. Et dans ces actions, présentées bien sûr au nom de l’intérêt de tous, puisque les migrants ont besoin d’un salaire, les préfectures en appellent ouvertement à la collaboration active des associations de soutien aux migrants, des centres d’hébergements, etc.
C’est notamment cette pression à collaborer avec les préfectures si zélées pour traquer les migrants et les expulser que dénonce la tribune, ainsi que les conditions qui seraient faites alors à ces travailleurs. Elle fait référence à une directrice d’un centre provisoire d’hébergement dans l’Essonne qui déclare : « Les réfugiés sont dans des situations ultra-précaires, les conditions d’accueil sont déplorables. Nous avons aucun soutien de l’État, on ne nous fournit ni gel hydroalcoolique ni masque mais en plus ils devraient aller travailler dans les champs ? ».
Comme elle, on se doute bien que dans ce secteur déjà réputé pour imposer bas salaires, horaires à rallonge, conditions de travail particulièrement dures, les conditions de protection ne seront pas là. Et il sera bien difficile de revendiquer pour ces salariés soumis à la double pression des patrons et de l’Etat, jouant entre espoir de régularisation et menaces d’expulsions. Un calcul bien pourri de plus au crédit de ce pouvoir.
François Minvielle.
Régularisation provisoire ? ça ne suffit pas !
104 parlementaires, notamment du PS, PC, LREM, et LFI, dont Loïc Prud’homme, ont écrit le 12 avril à E. Philippe une requête publique en faveur de « la régularisation provisoire de tous les immigrés qui avaient introduit une demande ». Quel courage politique ! Ils écrivent au nom de l’humanité et de la santé, en prenant exemple sur le Portugal… mais n’ont même pas osé exiger une régularisation définitive ! Malgré une telle audace, sauf erreur, Philippe n’a pas répondu.