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« Un virus très politique », c’est le titre d’un petit livre que l’on peut télécharger gratuitement sur le site des éditions Syllepse. Beaucoup de questions scientifiques se posent sur le Coronavirus SARS-CoV-2 et son impact, mais le fond politique ressurgit bien des fois.

Souvent, ces questions sont instrumentalisées par les gouvernants, les laboratoires, même certains chercheurs. On pourrait parler des masques, mais aussi des tests.

La question des tests est déterminante pour la gestion de la pandémie. Lors de l’intervention de dimanche, Philippe et Véran ont fait du test de détection du virus un outil essentiel du déconfinement. Certes, il vaut mieux tard que jamais, mais c’est dès le début que ce test, mis au point très tôt, aurait dû être massivement utilisé, comme dans d’autres pays. Ce test dit virologique consiste à rechercher la présence du virus dans les sécrétions nasales rudement écouvillonnées, grâce à la technique dite PCR qui amplifie et analyse le matériel génétique du virus (ici de l’ARN). Bien que cette technique soit généralement très sensible et hautement fiable, il y a ici un certain nombre de faux négatifs (virus présent chez le malade mais prélèvement négatif) liés peut être à des ratés dans le prélèvement, ou plutôt au caractère variable du moment et du lieu d’excrétion du virus (qui peut être présent au niveau de alvéoles pulmonaires seulement, où l’écouvillon n’a pas accès !). Ce test devrait permettre, en détectant les porteurs de virus, de les soigner s’ils ont des symptômes, de les isoler pour casser la chaine de transmission, de surveiller leurs contacts. Or l’incapacité liée au manque de volonté et d’équipements, de mener à bien ces tâches dès le début, le fait aussi il est vrai que des porteurs asymptomatiques puissent être contaminants, ont conduit à imposer un confinement, efficace certes, mais nullement satisfaisant sur bien des plans. Qu’on n’ait pas eu d’autre solution que d’enfermer les gens chez eux (pour ceux qui en ont un) comme au Moyen-âge, en dit long sur la société.

Les attaques sur les libertés et le zèle répressif observé maintes fois révèlent que par-delà le confinement, c’est bien un mode de contrôle de la population que l’on teste.

Le deuxième type de test est un test sérologique, fait donc sur un prélèvement sanguin, qui recherche des anticorps spécifiques du virus. Leur présence signifie que l’on a bien été infecté, symptômes ou pas. Ce test permet de dire qui peut sortir sans risque pour lui et les autres. En testant massivement, on connaîtrait le pourcentage de la population qui est en principe protégée : au-delà de 60 % de séropositifs pour le SARS-CoV-2, on est à peu près sûr que l’épidémie ne flambera pas à nouveau. On en est loin !

Les tests sérologiques sont déjà disponibles en certains lieux, une multitude d’entreprises se sont jetées dans leur production, faisant tout pour avancer le plus vite possible dans cette course juteuse. Tout est permis, même la vente sans validation par une autorité sanitaire. Ce qui pose problème alors que le statut immunitaire de cette maladie n’est pas connu précisément et bien des observations laissent perplexes les scientifiques. Il n’est pas encore suffisamment prouvé que la présence d’anticorps immunise ni combien de temps. Eléments pourtant essentiels.

L’idéal serait la pratique à grande échelle du double test, virologique et sérologique, la négativité du premier disant que l’on n’est pas infecté donc pas contagieux et la positivité sérologique étant garante d’une immunisation qui permettrait au moins d’attendre le vaccin. On n’en est pas encore là.

Nombre de virologistes, de scientifiques, ont alerté depuis des dizaines d’années, expliquant qu’il fallait se préparer et que faute de connaître le futur virus qui n’allait pas manquer, il fallait étudier à fond ses « cousins » proches, les comprendre, chercher les cibles pour des médicaments et les vaccins, se donner le temps de tester ces molécules, etc. Mais les financements publics ont été réduits ou supprimés une fois les alertes passées, et ce sont principalement les labos de l’industrie pharmaceutique qui ont mis la main sur cette recherche, ne développant que ce qu’ils considéraient rentable !

Ainsi sous Sarkozy, le Crédit Impôt Recherche (destiné aux entreprises) est passé de 1,5 milliard à 6 milliards annuels ! Soit le double du budget du CNRS ! Un vrai « hold up », reconduit par Hollande et Macron.

Le virus est politique : il pose la question de l’urgence des moyens pour la recherche publique, en dégageant l’ensemble des scientifiques de toute logique de profit et de la concurrence qu’elle entraîne. Il ne pourra y avoir de politique sanitaire sans poser la question de l’expropriation de l’industrie pharmaceutique, la réintégration de tous les labos privés dans un système de recherche public.

Jean-Louis Farguès