On attendait depuis des mois un krach financier, du fait des niveaux vertigineux atteints par l’endettement des Etats et des entreprises, mais il a été en quelque sorte pris de court par le Covid-19 et la récession profonde causée par le développement de la pandémie. Mais la menace de krach n’en disparaît pas pour autant, bien au contraire. Dans leur volonté d’empêcher les faillites d’entreprise, les Etats démultiplient leur dette, pendant que les banques centrales « rassurent les marchés » financiers à coup de centaines de milliards…
Le bon sens et l’expérience des années passées voudraient que cet argent fabriqué à gogo par les banques centrales serve directement à financer les opérations de maintien de l’économie, ce qui éviterait aux Etats de s’endetter encore plus au risque de précipiter le krach.
Mais cela reviendrait à court-circuiter les marchés obligataires et les spéculateurs qui s’y engraissent, et il n’en est question ni pour les Etats, ni pour les banques centrales. L’astuce, si l’on peut dire, de cette bande de margoulins, est de laisser les Etats s’endetter, tout en faisant en sorte que les créanciers puissent se débarrasser des titres de dette lorsqu’ils risquent de perdre toute valeur en les fourguant un bon prix aux banques centrales.
Ainsi tout va pour le mieux : la planche à billets tourne à un rythme de plus en plus fou, les pays menacés de faillite pourront l’éviter, les possesseurs de leur dette continuer à s’enrichir sans risque… C’est pour cela que la BCE va ajouter 750 milliards d’euros aux 350 déjà prévus pour 2020 pour racheter de la dette publique ou privée sur les marchés obligataires ; aux USA, la FED a fait la même chose, pour 700 milliards de dollars.
« Ces temps extraordinaires nécessitent une action extraordinaire. Il n’y a pas de limites à notre soutien à l’euro » a dit Christine Lagarde… Ce prétendu « soutien à l’euro » n’est qu’une fuite en avant vers une catastrophe financière bien pire que celle de 2007-2009.
La seule solution qui puisse mettre un terme à la fuite en avant, outre la fermeture des Bourses et autres marchés financiers, repose sur la constitution d’une institution financière centrale, socialisée, fruit du regroupement des institutions financières privées, banques et compagnies d’assurance, de leur expropriation. Compte tenu de l’imbrication des économies, la constitution d’un tel monopôle financier ne peut se concevoir qu’à l’échelle européenne, sous la forme d’une sorte de nouvelle BCE, placée sous le contrôle démocratique des populations. Une telle mesure, que nous ne pourrons imposer que par nos luttes, constitue un élément central du plan de transition qu’il nous faut élaborer ensemble, dès maintenant, pour que « l’après » de l’épidémie ne soit pas celui que nous préparent patrons et gouvernements.
Daniel Minvielle
Quelques lectures au sujet de la crise globale...
Michel Husson : « Le néo-libéralisme contaminé » https://alencontre.org/economie/economie-le-neo-liberalisme-contamine.html
Dans cette tribune l’auteur décrit l’enchaînement qu’il faut attendre du développement de la crise et des « remèdes » que lui apportent dirigeants politiques et banques centrales : une aggravation du mal, dans une sorte de spirale infernale qui ne peut que préparer une nouvelle crise. Le malade est incurable et il ne faut pas compter qu’il guérisse de lui-même…
Michael Roberts : « Confinement ! » https://www.anti-k.org/2020/04/07/confinement-2/
L’article est tiré du blog en anglais de l’auteur. Il analyse principalement les effets de la crise actuelle, du point de vue économique et financier, sur la première puissance mondiale, les USA. Il décrit lui aussi les logiques internes et politiques à l’œuvre, et comment elles rendent totalement illusoire toute reprise durable et significative lorsque la pandémie aura été maîtrisée. Le rebond miraculeux que nous promettent nos dirigeants pour après la crise n’a très probablement aucune chance de se produire…
On ne peut être que d’accord avec ces deux analyses, mais il est nécessaire de les prolonger en abordant la question politique qui en découle : comment sortir de cette situation ? La réponse ne peut venir que de nous tous qui depuis des mois, partout dans le monde, nous sommes levés contre les injustices, pour exiger une autre démocratie, une autre société. Un combat de classe acharné est en train de se jouer à l’échelle mondiale. Il nous faut nous préparer à le gagner.
C’est dans cette perspective que s’inscrit l’article « Face à une crise globale aux effets dramatiques, aux travailleurs de préparer le « jour d’après », sans attendre ! », publié dans la lettre électronique n°136 du courant Démocratie Révolutionnaire du NPA : http://www.npa-dr.org/index.php/9-article-lettre/424-face-a-une-crise-globale-aux-effets-dramatiques-aux-travailleurs-de-preparer-le-jour-d-apres-sans-attendre