Lors d’un banal contrôle routier, Nahel, 17 ans, a été abattu de sang-froid à Nanterre après un refus d’obtempérer. Alors qu’il n’était nullement en état de légitime défense et que le véhicule n’était pas sur sa trajectoire, le policier qui le tenait en joue et lui hurlait « Ouvre ou je te mets une balle dans la tête ! » a tiré à bout portant sur la poitrine du jeune homme qui redémarrait lentement.
La version des flics, celle de la légitime défense face au véhicule qui aurait accéléré dans leur direction serait devenu le mensonge officiel si la vidéo d’un passant, virale sur les réseaux sociaux, n’avait filmé les faits, l’assassinat délibéré d’un jeune issu des quartiers populaires.
Ce meurtre fait suite à celui d’Alhoussein, assassiné il y a 15 jours par un policier à Angoulême alors qu’il allait au travail. Ce policier vient d’être mis en examen pour homicide volontaire. Tant d’autres assassinats dont celui de Zyeb et Bouna morts électrocutés pour échapper à la police entrainant trois semaines d’émeutes en 2005, ont été classés sans suite ou impunis ! Un récent rapport de Basta indique qu’en 2022 « 40 personnes sont mortes dans le cadre d'une mission de police ou de gendarmerie, 52 en 2021, 39 en 2022. Des chiffres bien supérieurs aux 27 décès que nous recensions en 2017, ou à la vingtaine par an avant 2015 ».
Justice pour Nahel !
Toute notre solidarité à sa famille, à ses proches qui ont manifesté hier massivement à Nanterre, lors de la « marche de la révolte » avec à sa tête de nombreuses femmes et jeunes des quartiers. Toute notre solidarité à toutes celles et ceux qui se révoltent contre la violence de cette société !
Le gouvernement dit comprendre la douleur de la mère de Nahel. Il y a répondu en déployant 40 000 policiers et gendarmes, le RAID, la BRI, le GIGN partout où s’est exprimée la révolte de la jeunesse des quartiers populaires trois jours après son ignoble assassinat ! Nombre de quartiers ont été survolés par des hélicoptères, les transports en communs ont été arrêtés ou détournés, certaines villes ont instauré des couvre-feux. Vendredi, Borne a annoncé le déploiement de blindés de la gendarmerie nationale, Darmanin a demandé l’arrêt des bus et des tramways à partir de 21 heures...
Une colère politique
La colère des banlieues est politique. Elle rejoint celle qui s’est exprimée dans la rue et par la grève pour le droit à la retraite et les salaires durant plus de 5 mois qui couve partout. Elle vise l’ensemble de la police et l’ordre social qu’elle défend.
Les cibles des incendies sont pour beaucoup des symboles de la République, du pouvoir, des institutions qui incarnent la violence de cette société de classe, son arbitraire, ses discriminations, ses inégalités, son racisme hérité du passé colonial de la France. Ce qui était visé par les incendies est souvent le symbole de missions publiques qui le sont de moins en moins.
Contre la violence sociale et la violence policière
Le gouvernement, nombre de politiques institutionnels, extrême-droite, droite extrême et macronie en tête, dénoncent les violences, nous parlent de bâtiments publics dégradés ou détruits. Ces pompiers pyromanes tentent de retourner leur propre responsabilité contre les victimes de leur politique qui se révoltent.
Ils s’inquiètent du sort des services publics et des populations pauvres dont c’est la seule richesse. Mais ils sont responsables des politiques d’un Etat qui a détruit un à un les services publics en privatisant les transports, l’énergie… en appauvrissant toujours plus les travailleurs, les classes populaires, en réduisant la jeunesse à une précarité extrême pour qu’une minorité de parasites fasse des profits scandaleux !
A bas l’Etat, les flics et les patrons !
La révolte des banlieues est notre révolte. Elle rejoint la lutte du monde du travail pour le droit de vivre de son salaire et de sa retraite, contre la répression, pour la liberté d’expression et d’organisation.
Les femmes, les jeunes, les travailleurs luttant pour le progrès, la démocratie, les libertés et exiger de pouvoir vivre correctement ont montré de quel côté étaient la solidarité. C’est cette solidarité qu’il nous faut construire, renforcer. Il n’y aura pas de paix sans que nous remettions ensemble en cause cette société d’exploitation et d’oppression raciste, anti-jeunes, anti-femmes, anti-pauvres et anti-travailleurs !